Haïti, le séisme et l’environnement

Publié le par R. GIMILIO

Comme membre de la grande communauté humaine, je me sens solidaire de tous les Haïtiens dans le malheur qui les frappe. Je m’incline avec respect et émotion devant le malheur qui a frappé ce pays et ses habitants. Un tremblement de terre, en l’état actuel de nos connaissances est imprévisible. Nul ne peut savoir quand il va frapper. Par contre les endroits où il peut frapper sont connus : ce sont les zones séismiques (ou sismiques). Là, la responsabilité des hommes qui nous gouvernent est indiscutable. Comme est engagée l’immense responsabilité de ceux qui ont spolié, tondu, volé en se succédant au pouvoir de ce malheureux pays tombé au rang de plus pauvre du monde. N’oublions pas aussi ceux qui, de l’étranger, ont aussi participé, par leur action, à profiter d’une telle situation. A l’imprévision de ceux qui ont laissé des gens s’établir dans une zone sismique s’ajoute le poids de la dévastation de l’environnement de cette moitié de l’île d’Hispaniola, dévastation voulue ou inconsciente.

Ce pays a vu son environnement dégradé, résultat d’une surexploitation du milieu naturel et d’une pression humaine qui a fait disparaître le couvert végétal forestier réduit à 1 pour cent ! Le résultat a été un exode rural sans précédent vers les villes et leurs bidonvilles, une fuite des cerveaux à l’étranger. Dans les campagnes, le moindre débris végétal est récupéré pour servir de combustible. Le désastre environnemental a largement préparé le désastre sismique en appauvrissement le pays et en concentrant la population dans les quelques villes. Les ouragans qui ont ravagé les campagnes dénudée, sans végétation pour bloquer les coulées de boue, ont contribué à chasser vers les bidonvilles une population misérable ! Les sédiments terrestres, le commandant Cousteau l’a montré, ont étouffé la mer tout autour du pays, paupérisant les pêcheurs. La surpêche a achevé le processus. La capitale Port-au-Prince, située près de l’épicentre, a cumulé, avec ses bidonvilles largement alimentés en populations, tout ce qu’il fallait pour une catastrophe dont on redoute qu’elle n’obtienne le triste record du nombre de victimes. La qualité douteuse du gros œuvre de certaines constructions a sans doute contribué à alourdir le désastre.

Reconstruire le pays après avoir secouru les victimes devra se faire en menant de concert la reconstruction de l’environnement forestier. Songez-y, la forêt disparue est un puits de carbone anéanti. Une forêt reconstituée et gérée avec sagesse peut apporter aux survivants des ressources inestimables leur permettant de remettre en cultures vivrières leurs champs. La dégradation des sols maîtrisée devra permettre à la mer de retrouver peu à peu ses populations de poissons.

C’est ce début de 2010 le vœu que nous formons pour le peuple haïtien durement éprouvé : reconstruire le pays dévasté et surtout son environnement, sans lequel rien ne sera pérenne.

Publié dans Développement durable

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