Comment on "use" l'eau

Publié le par R_GIMILIO

Quand vous tirez votre chasse d'eau, c'est de l'eau potable produite à grand frais qui va pousser vos déjections vers le circuit d'eaux usées. Il en va de même pour vos eaux de vaisselle : vous fabriquez de l'eau usée, un déchet, qui va être rejeté dans l'environnement !

Selon votre situation (ville ou campagne), le circuit des eaux usées peut être différent.
  1. Vous êtes dans un village et vous n'avez pas le tout-à-l'égoût : votre circuit d'eaux usées dispose d'un assainissement individuel assuré par une fosse septique qui déversera son trop-plein dans un réseau d'épandage situé à l'arrière de votre maison. Vos eaux usées épurées vont aller irriguer vos cultures.
  2. Vous êtes dans une agglomération ou une ville disposant d'un tout à l'égoût : votre circuit d'eaux usées va aboutit à une station d'épuration plus ou moins importante dont l'objectif est d'épurer cette eau avant de la rejeter dans le milieu naturel.
L'objectif est de récupèrer cette eau en évitant qu'elle n'aille se perdre en mer pour la réutiliser (objectif 3 R : réduire, recycler, réutiliser, etc.). Celà paraît si simple ! Et pourtant, des millions de mètres cubes d'eau se perdent en mer plus ou moins bien épurés !

Le cas de la nouvelle station d'épuration des eaux usées de Montpellier, Maera, est significative. Cette station nous a été présentée comme le nec-plus-ultra des stations d'épuration (3 certifications INTERNATIONALES !).

Cette station a été autorisée par le Comité National Hygiène et Sécurité à épurer ses eaux à 90%, l'épuration portant sur les matières en suspension et les DBO/DCO, moyennant un émissaire en mer (tuyau) de 13 km de long qui se jette par 30 m de fond, à 10 km de la pointe de l'Espiguette et de Frontignan. L'émissaire débouche dans la Baie d'Aigues-Mortes, baie qui ne reçoit pas de courant marin. Vont se déverser au large des métaux lourds (cuivre, zinc, chrome, plomb, mercure, nickel) et des nitrates qui ne sont pas épurés. Egalement, aucune désinfection des germes coliformes n'est assurée. Ce sont  113.000 m3/jour (1,5 m3/s) contenant entre autres, des matières en suspension (3,5 t/jour de MEST[1]), des DBO[2] et des DCO[3] (ces deux derniers appauvrissent le milieu en oxygène), plus des ions de composés azotés, phosphore, médicaments humains rejetés avec les selles, PCB, etc.

Par comparaison, la station de l'Agglomération de Caen-la-Mer déverse en rivière des eaux de qualité baignade. Ce scandale a été dénoncé par le Collectif des Associations de Protection de la Nature de la Baie d'Aigues-Mortes (CAPNUBAM) . La station de Caen-la-Mer est une station de haute performance, Maera-Montpellier est une station de moyenne performance.

Le scandale que nous dénonçons ici est triple :
  1. un débit important d'eau journalier (115.000 m3/jour) se perd en mer alors qu'il pourrait servir à maintenir l'étiage de la rivière Le Lez (au lieu de faire appel à de l'eau amenée du Rhöne),
  2. un déficit d'eau destinée à l'agriculture et compensé par l'eau du canal du Rhöne,
  3. un coût excessif de la réalisation plombée par le prix élevé de l'émissaire en mer (65 M€), émissaire inutile si la station avait éé de "hautes performances".
La perte d'eau est de loin le fait le plus scandaleux ! Mais il semble bien que les germes fécaux aient subi une augmentation, comme le montrent les analyses faites sur les tellines (petit coquillage très apprècié des amateurs de fruits de mer!) !

[1] Matières en suspension transportées : MEST

[2] matières caractèrisées par leur demande biologique en oxygène : DBO

[3] idem demande chimique en oxygène : DCO

Publié dans Eau

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